Cinq raisons de découvrir le nord du Maroc

Loin des très fréquentées cités impériales de Marrakech et Fès, la côte méditerranéenne est l’occasion de découvrir un Maroc différent, entre villes au charme authentique et paysages préservés.

31 May 2023

1 – Marcher sur les traces des artistes à Tanger

La situation stratégique de Tanger, face à l’Espagne, lui a valu un statut international de 1923 à 1956. Durant cette époque, la ville a attiré les trafiquants en tout genre ; les artistes également, venus s’encanailler dans la cité longtemps sublimée par les films en noir et blanc et qui retrouve désormais des couleurs… Commencez par déguster un thé à la menthe à la terrasse du Café de Paris, fréquenté jadis par l’écrivain Jean Genet. Son horloge est bloquée sur 12h30, comme pour résister aux outrages du temps ! De là, il faut filer jusqu’aux ruines du Gran Teatro Cervantes à la façade ornée d’azulejos bleus et jaunes dont on attend avec impatience la rénovation. Vestige du XIXème siècle, l’hôtel Continental si cher à Degas rivalise avec l’hôtel El Minzah où rôde le fantôme de Rita Hayworth. Dans ce dédale d’adresses mythiques, la Villa de France a retrouvé son rang. Depuis la chambre 35, Matisse a peint quelques toiles célèbres. Les écrivains ont également décrit avec talent les paradoxes de Tanger, comme sa vieille médina arabe qui côtoie une corniche aux allures de Croisette. Parmi eux Tennessee Williams, Paul Bowles (l’auteur du Thé au Sahara) ou Jack Kerouac, qui trouvait l’inspiration au café Fuentes. On peut lui préférer le café Baba, étape favorite des Rolling Stones…

2 – Naviguer entre deux eaux

Les eaux se mêlent à Tanger de telle sorte qu’il est possible de se baigner dans la même journée dans la Méditerranée et l’Atlantique ! L’Espagne est à portée de brasse, 14 km par le détroit de Gibraltar. Voilà qui donne envie de prendre le large. Car si Tanger est la porte d’entrée du Maroc, beaucoup rêvent au contraire de quitter le pays. Direction les faubourgs de la ville pour s’en convaincre. Suspendue au-dessus de l’Atlantique, la terrasse du café Hafa attire les touristes. Mais à deux pas, les Marocains se regroupent pour rêver d’horizons européens. Tout autour, les chics villas du quartier de la Vieille Montagne prennent leurs aises : ici le palais d’été du roi Mohammed VI, plus loin celui de feu le roi Fahd d’Arabie… D’autres demeures tout aussi chics et anonymes se succèdent, cachées dans une végétation luxuriante, jusqu’au fameux Cap Spartel qui marque le partage des eaux entre Méditerranée et Atlantique. Un phare veille sur le détroit tandis qu’à proximité, les grottes d’Hercule se visitent. Selon la légende, le héros s’y serait reposé avant d’accomplir le onzième de ses travaux. Aujourd’hui, c’est dans le chic hôtel Mirage voisin, à l’ambiance toute californienne, que l’on reprend des forces.…

3 – Découvrir les beautés du Rif

Les montagnes du Rif sont l’écrin de quelques-unes des plus authentiques villes du Maroc. A une heure de Tanger, Tétouan peut s’enorgueillir d’une médina classée au patrimoine de l’humanité. Pas vraiment arabe, ni tout à fait andalouse, la cité cernée par cinq kilomètres de remparts éclaire le paysage de sa blancheur. Difficile d’y déambuler sans se perdre tant l’entrelacs de ruelles est dense, tant les souks sont animés. Pour trouver son chemin dans celle que les poètes arabes appelaient « la fille de Grenade », on fait appel à un guide local qui ne manquera pas de vous conduire jusqu’au souk des tanneurs et à l’école des arts et métiers traditionnels Dar Sanaa, là où des artisans talentueux transmettent le travail du bois ou du fer forgé. Au bout d’une route sinueuse, Chefchaouen préfère voir la vie en bleu. Lapis-lazuli, azur, cobalt… toute la palette s’étale dans les ruelles. L’idée de ce bleu aurait jailli il y a une trentaine d’années dans l’esprit des femmes, pour sortir la petite bourgade de l’anonymat. Opération réussie ! A la sortie de la médina, les cafés de la place Uta-el-Hammam sont parfaits pour déguster un thé à la menthe avant de partir à l’assaut de la Mosquée Jemaa Bouzafar, d’où le panorama sur le « saphir marocain » est éblouissant.

4 – Explorer la nouvelle Riviera marocaine

Il faut reprendre la route et filer à une vingtaine de kilomètres de Tétouan, en direction de Ceuta (une enclave espagnole au cœur du Maroc), pour rejoindre Tamuda Bay. Bienvenue sur la nouvelle Riviera marocaine. Le roi Mohammed VI y a fait bâtir un palais d’été à M’diq, la jolie ville qui donne sur la baie. Dans son sillage, hôtels, golfs et marinas ont poussé le long de la longue plage qui accueillit en son temps l’un des premiers Club Med, aujourd’hui fermé. Une autre époque ! Si Tamuda Bay se présente comme la nouvelle étape hédoniste de la côte, son arrière-pays offre un autre visage : celui d’un Maroc aux paysages méditerranéens et aux modes de vie intemporels. On peut l’explorer sans danger en voiture ou, pour ajouter une dose de frisson, optez pour les quads de la société Tétouan Quad Xplorer. Faciles à piloter, ils permettent d’emprunter les sentiers qui serpentent entre collines brûlées par le soleil et forêts rafraîchissantes, notamment autour de la lagune de Smir. Dans les champs, les paysans ne semblent pas s’offusquer des moteurs pétaradants. Ils prennent même le temps de vous saluer, avant de semer des graines dans une terre que leur cheval a fraîchement labourée, comme il y a 100 ans…

5 – Filer jusqu’à Oujda, tout à l’est du Maroc

De Tanger, au nord-ouest du Maroc, jusqu’à Oujda, la grande ville située tout à l’est du royaume, la route est longue ; 400 kilomètres. Mais la côte méditerranéenne préservée offre une belle tranche de vie marocaine : plages sauvages baignées par des eaux chaudes et villages préservés où vous serez toujours accueilli avec bienveillance. Oublié des circuits touristiques, Oujda est l’une des plus anciennes villes du Maroc, encerclée de remparts crénelés. De minarets en palais finement ciselés, ses joyaux arabo-musulmans éblouissent. La ville se combine à merveille avec la nature, en particulier les contreforts du Rif Oriental qui se prêtent à de jolies escapades, dans des paysages plantés de palmiers et d’eucalyptus, de mimosas et de lilas. Passage obligé par les grottes de Rafess et de Guenfouda. Et parce que les vacances riment aussi avec farniente, les amateurs de bains de soleil termineront leur périple par la station balnéaire de Saïdia sortie de terre il y a une quinzaine d’années, à une soixantaine de kilomètres d’Oujda. Installés le long d’une jolie plage de sable, les hôtels et appartements les pieds dans l’eau, la marina où se dodelinent les yachts et le golf soigneusement manucuré comblent toutes les envies.

Comment on y va ? Avec Air Arabia, qui innove cet été avec l’ouverture de vols directs pour Tanger (un vol par semaine, du 23 juin au 27 octobre) et Oujda (deux vols par semaine, du 22 juin au 10 septembre). www.airarabia.com

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